Si « Enseigner (c’est) agir dans l’urgence, décider dans l’incertitude » (1996), incontestablement la brutalité du passage au « tout distanciel » - appelé aussi « école à distance » –, alliée à une crise sanitaire bouleversant les équilibres individuels et sociétaux, a questionné avec force le métier d’enseignant-e. Quels gestes professionnels (Jorro, 2006) mettre en place dans le cadre d’un écosystème de formation totalement nouveau, où l’accès aux contenus a souvent davantage retenu l’attention que la réflexion sur les fonctions du dispositif de formation (Peraya, Peltier, 2020) ? Comment « apprivoiser la distance » (Jacquinot, 1993) en étant présent-es, tant dans l’acte pédagogique que dans l’interaction sociale ? Et en tant qu’élève, quels rituels pour résister à la tentation du désengagement lorsque le dispositif sociotechnique constitue un obstacle à l’apprentissage et éprouve avec force l’autonomie (Liquète, Maury, 2007) ? Pour saisir le « vécu expérientiel » (Dubet, 1994) des écosystèmes et dispositifs sociotechniques ainsi que des modes de communication liés, et la façon dont enseignant-es comme élèves qualifient leur « métier » mis ainsi à l’épreuve (Martuccelli, 2006), notre recherche, alliant principalement sciences de l’information et de la communication, sociologie (de l’expérience et compréhensive), et sciences de l’éducation, a combiné observations de situations pédagogiques (et de corpus mis en ligne) et entretiens semi-directifs individuels (enseignant-es) et collectifs (élèves).