L’aménagement de la Ligne Maginot a ponctuellement réalisé des dispositifs d’inondation destinés à créer des coupures d’eau devant la ligne principale de défense. S’il est possible de trouver plusieurs éléments dans la vallée de la Chiers, c’est principalement sur les cours de la Nied, du Mutterbach (Ligne Maginot aquatique- trouée de la Sarre), du Rothenbach, du Schwarzbach (secteur fortifié des Vosges) et de la Sauer (forêt indivise de Haguenau) qu’il est possible de recenser les principaux aménagements. Délaissés au lendemain de la guerre, ces dispositifs ont été démantelés mais n’ont pas été effacés du paysage comme la multitude de casemates et d’abris de toutes tailles qui soulignent encore ce grand aménagement militaire. Aujourd’hui, ces hydrosystèmes défensifs ou militarisés sont connus par les archives militaires et par les agences de bassins. Ils sont redécouverts par des acteurs associatifs, des collectivités territoriales qui cherchent à faire connaître voire valoriser ces héritages méconnus. Il convient cependant de concilier les aspects environnementaux et de renaturation des cours d’eau, à la volonté d’exhumer voire d’entretenir ces vestiges. Les deux démarches ne sont pas nécessairement antagonistes et sont le plus souvent complémentaires. Ainsi, les étangs « militaires » de la Ligne Maginot aquatique ont été réhabilités durant cette dernière décennie afin d’assurer le bon fonctionnement écologique du bassin versant du Moderbach/Mutterbach. Pour les acteurs associatifs et touristiques, faire réapparaître des fragments des hydrosystèmes militarisés est important, cette démarche a été entreprise relativement tôt pour la Ligne Maginot aquatique. Elle se veut pédagogique et cherche à rendre visible et à imager un géorécit de la guerre, souvent méconnu, dans une logique de promotion d’un tourisme militaire porté à toutes les échelles, des collectivités territoriales aux départements (particulièrement la Moselle) et par la région Grand Est. Elle trouve ses relais dans le foisonnement de projets de mises en réseau des infrastructures militaires héritées et délaissées de la région Gand Est dont le récit tend à prendre une dimension transfrontalière.