Le dispositif " Nouveaux Services -Nouveaux Emplois " prévoyait la création de 350 000 emplois d'utilité sociale devant répondre à des besoins insatisfaits ou émergents. Inscrit dans le cadre d'une politique d'emploi visant à faciliter l'insertion durable des jeunes sur le marché du travail, il offrait la possibilité aux jeunes d'acquérir une expérience suffisamment longue pour se construire des compétences dans ces nouveaux emplois. Le développement des compétences issues de l'expérience, d'un côté, et l'absence d'obligation de formation du jeune pour l'employeur, de l'autre, a permis d'avancer que la qualification du jeune peut être acquise dans les situations de travail. Mais la question de la reconnaissance sociale de ces compétences est restée en suspens jusqu'à la promulgation de la loi statuant sur la Validation des Acquis de l'Expérience (V.A.E.). Entre-temps, c'est la notion de professionnalisation, dans sa fonction de marqueur social, qui a permis d'étudier les processus de qualification des jeunes. Cette recherche, conduite auprès de 30 " emplois-jeunes " exerçant une activité en lien avec la médiation sociale, met au jour, à partir de l'analyse de leur rapport au savoir, la mise en œuvre d'une double logique de professionnalisation : d'une part, affiliée à la sociologie des groupes professionnels en se référant au système des qualifications et, d'autre part, ralliée au modèle de la compétence en légitimant les savoirs expérientiels. Appliquée aux emplois dits de médiation sociale, la professionnalisation emprunte la voie de la requalification des métiers traditionnels et de l'adaptation des procès professionnels aux nouvelles réalités socio-économiques sur la base de la construction d'une qualification adossée au système de qualifications et à la reconnaissance des acquis de l'expérience. Cette recherche interroge, plus largement, les pratiques professionnelles de formation dont l'évolution est liée au développement de la V.A.E.