Jean de Bertier (1877-1926) : from the edge of Lorraine to the high places of the French Republic : the career of an aristocrat at the crossroads between the military, political and economic spheres
Jean de Bertier (1877-1926) : des confins de la Lorraine aux ors de la République : parcours d'un aristocrate à la croisée du militaire, du politique et de l'économique
Résumé
The study of the private archives of the Château de Lagrange (Moselle, France) allows for the writing of the biography of Jean de Bertier and gives him his proper place within the framework of the evolution of a dynasty of nobility over about a century (around 1840-1940). What emerges from this initiative is the primacy of economic matters. Jean de Bertier displays a genuine faculty to adapt to both circumstantial and structural evolutions through the diversification of the family wealth. When faced with inflation, he starts focusing on industrial stocks, including iron and steel, by increasing his investment in the ARBED. So as to cope with taxation, he takes advantage of the opportunities offered by borders in order to develop a transnational estate in which Luxembourg is of paramount importance. Notwithstanding a consistent loss of the family fortune he is not able to prevent given the historical context, his efforts still allow him to preserve the family's rank within the hierarchy of assets. The Bertier family thus keeps on with an aristocratic way of life that's typical of high society. Jean de Bertier's military enrolment also fits the perpetuation of a nobiliary value system promoting duty and patriotism. Analysing his military career confirms the central importance of legalism within the army during the Belle Époque. It reveals the growing number, during World War I, of liaison, instruction and intelligence operations that often remain little-known. The Great War and its consequences represent a major turning point in Jean de Bertier's life. In 1919, he resigns from the army to embrace a political career in the peculiar remit of an Alsace-Lorraine that is French again, more particularly in the Moselle department. Tracking down Jean de Bertier's journey helps demonstrate the primordial importance, for any elected official, of efforts of intercession and recommendation, as well as the vital role of the defence of regional interests. Once more, he proves his ability to adapt as he successfully becomes part of booming networks (the Lorraine Republican Union, the press) and tempers political views that remain quite conservative with moderate practices. His election to the French senate in 1922 is the crowning achievement of his political career. It doesn't give him, however, the stature of Robert Schuman, his most famous colleague. The two men are false rivals who evolve within the same transnational space, focused on Moselle and Luxembourg, without sharing the same ideas nor practices.
L'étude des archives privées du château de Lagrange (Moselle, France) permet d'écrire la biographie de Jean de Bertier et de l'inscrire dans le cadre de l'évolution d'une dynastie de la noblesse, sur une centaine d'années (vers 1840-1940). Il en ressort le primat de l'économique. Jean de Bertier montre une grande faculté d'adaptation aux évolutions conjoncturelles et structurelles, en diversifiant le patrimoine familial. Face à l'inflation, il le réoriente vers les actions industrielles, notamment sidérurgiques, en renforçant ses investissements dans l'ARBED. Face à l'imposition, il joue des possibilités offertes par les frontières pour développer un patrimoine transnational dans lequel le Luxembourg tient une place majeure. S'il ne peut empêcher une forte réduction de la fortune familiale, inévitable au vu du contexte, ses efforts lui permettent toutefois de conserver la place de la famille dans la hiérarchie des patrimoines. Les Bertier poursuivent ainsi le mode de vie aristocratique caractéristique du grand monde. L'engagement de Jean de Bertier dans l'armée correspond aussi à la perpétuation du système de valeurs nobiliaires promouvant le service et le patriotisme. L'analyse de sa carrière militaire confirme le grand légalisme de l'armée à la Belle Époque. Elle révèle le développement, pendant la Première Guerre mondiale, des missions souvent mal connues de la liaison, du renseignement et de l'instruction. La Grande Guerre et ses conséquences constituent une rupture majeure dans la vie de Jean de Bertier. Il démissionne de l'armée pour s'engager dans les années 1920 dans une carrière politique, dans le cadre spécifique de l'Alsace-Lorraine redevenue française, et plus particulièrement du département de la Moselle. Suivre Jean de Bertier montre l'importance primordiale, pour tout élu, du travail d'intercession et de recommandation, ainsi que le côté primordial de la défense des intérêts locaux. Il montre une fois encore sa capacité d'adaptation, par son intégration réussie dans des réseaux en essor (parti local URL, presse) et par une pratique politique modérée tempérant des idées restées très conservatrices. Son élection au Sénat en 1922 couronne sa carrière politique. Elle ne lui donne cependant pas l'envergure du plus célèbre de ses collègues, Robert Schuman. Faux rivaux, les deux hommes évoluent dans le même espace transnational, centré sur la Moselle et le Luxembourg, sans en avoir la même conception ni les mêmes pratiques.
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