On connaît depuis longtemps déjà la figure de la plongée dans le temps comme un des traits caractéristiques du sous-genre de science-fiction qui s'intéresse au décalage chronologique. Cette figure possède, d'ailleurs, un attrait visuel qui se prête particulièrement à l'expression cinématographique. Le temps ressemble en quelque sorte à une bobine de lm : en la renversant ou en l'accélérant, il nous est permis de voir le temps défiler devant nos yeux. La plongée donne ainsi au passage du temps une expression concrète, une sorte d'existence matérielle à ce qui n'est dans le fond que du mouvement. Bien avant que le cinéma ne donne à cette figure toute sa richesse, elle servait déjà, dès le début du siècle, à « donner corps » au l du temps. Le temps humain, et surtout le temps naturel, venaient d'acquérir une nouvelle profondeur insoupçonnée : on savait désormais que des « mondes perdus » avaient précédés le nôtre. Comment prendre conscience de ces mondes pré-humains ? Comment en parler ? Par quel enchaînement narratif les relier au monde actuel ? Ces questions se posaient pour la première fois au milieu du siècle, en particulier au moment où l'on cherchait à transmettre dans des ouvrages de synthèse les notions venues des nouvelles sciences historiques à un public de non-spécialistes. L'origine de la figure de la plongée dans le temps est pourtant plus ancienne.