De manière générale, une société se produit et se transforme au gré des solutions qu’elle parvient à trouver aux problèmes vitaux de la vie commune. Ces solutions formeront un paradigme, apportant une cohérence globale à la vie en société et à l’action de ses protagonistes, nous l’appellerons ici : commande sociale. À chaque commande sociale va se référer un idéaltype de professionnel argumentant son action avec un corpus de valeurs en conséquence. Ce corpus est la base éthique permettant au professionnel de fixer son attention sur les moyens disponibles, d’évaluer les conséquences ainsi que les chances de succès ou d’échec et de renoncer à son action si elle devait compromettre le but à atteindre. Parler d’éthique professionnelle, c’est parler de la recherche de l’acte le plus efficient, c’est-à-dire celui qui intègre le mieux, et à moindres frais, la commande sociale. Si la commande sociale s’accorde à donner plus d’importance aux causes qu’aux effets ou plus à la technicité qu’aux destinataires de celle-ci ou encore le strict contraire, l’éthique professionnelle argumente en ce sens l’efficacité des actes. Les pratiques professionnelles seront alors qualifiées en référence à l’idéaltype consenti. Mais, parler des pratiques professionnelles dans un champ d’action, c’est parler du réalisé produit par l’ensemble des facteurs en action du champ en question. L’action médicosociale est ainsi le résultat d’une mise en tension entre les intérêts des trois protagonistes du système de relation qu’ensemble ils composent : l’institution, le professionnel et le concerné. Toute modification, toute transformation apportée au système par la commande sociale au travers l’un ou l’autre de ces protagonistes va induire une variation de la perception de l’action à réaliser et, par incidence, du réalisé lui-même. En s’appuyant des résultats d’une enquête, menée depuis au moins 10 ans, auprès des professionnels du médicosocial, du sanitaire et du social travaillant pour des services de maintien à domicile, des personnes en situation de handicap et des personnes âgées, cette contribution propose un modèle d’analyse des contenus sémantiques de l’offre de service, de ses éthiques disponibles et des pratiques professionnelles à l’œuvre dans ces trois champs de l’action publique.