L. Wiesing (2014) a démontré qu’une image n’est pas nécessairement le signe de la « pure visibilité » et qu’il est important de la distinguer de « la visibilité dépendante de l’objet ». Partant d’une esthétique formelle au détour de laquelle se rencontrent les travaux allant de H. Wölfflin (1915) à N. Goodman (1968) sur l’art et les symboles, la communication se propose de penser l’exemplarité de l’image en deux temps. En premier lieu, sur sa capacité à référencer le monde et ses états de chose et, dans un second temps, sur la fonction ordinaire que ce même monde lui prête. En d’autres termes, les propriétés utiles de l’image se résumeraient-t-elles à reproduire des effets de réalité ? L’image devrait-elle redoubler la présence ou révéler l’absence ? Serait-ce à cela qu’il faudrait réduire son exemplification ? Nous verrons que celle-ci relève d’un processus de modélisation qui s’agence différemment selon le contexte de production, de diffusion et de réception, mais aussi selon le genre de l’image (de l’art au photojournalisme) et in fine selon l’esprit du temps. Ainsi, elle ne fait pas figure d’exemple pour tous, car chacun n’y met pas les mêmes propriétés a notamment écrit H. Wölfflin dans Principes fondamentaux de l’histoire de l’art. L’exemple proposerait donc une manière de voir autrement qu’illustrative ou ornementale, mais plutôt artistique ou informative, et ce, qu’elle soit ou non objectuelle. Par définition, l’art abstrait montre un monde sans présenter d’objet. Dès lors, la question du quoi (quid) ne se pose plus mais se transforme en comment voir une forme sans s’encombrer d’un contenu. Par ce biais, toute image devient digne d’une attention esthétique.