Au travers de portraits de Saoudiens, Zaynab Ḥifnī dénonce, sans concession, la situation sociopolitique de l’Arabie saoudite et ses conséquences sur l’épanouissement des individus. La force des mots, plus encore que les situations des personnages et les thématiques traitées, traduisent la position de l’auteure sur la condition sociale de ses concitoyens. La récurrence des épisodes et des expressions, le choix du champ lexical de la violence physique et psychologique, l’utilisation de la focalisation interne, du monologue intérieur et du pacte autobiographique, ou encore le recours fréquent à l’analepse, par flash-back ou projection dans l’avenir offrent en effet une description en apparence stéréotypée de la condition de l’individu saoudien et des relations sociales : Zaynab Ḥifnī met en scène des personnages isolés tant socialement que psychologiquement, essayant de se révolter, pour vivre librement et dans le respect de leur propre personnalité : leurs tentatives sont toujours vouées à l’échec. La souffrance la plus terrible et inéluctable est incontestablement la privation de liberté d’action, qui leur donne un sentiment d’aliénation et d’une espèce « d’exil intérieur ».