Cet article propose d'enrichir la compréhension de l'autonomie au travail en mobilisant le concept de capabilité d'Amartya Sen. En évitant le double écueil d'une vision entièrement déterministe ou entièrement libérée du travail, il s'appuie sur une étude de cas pour s'intéresser à ce qui se passe lorsque, dans un environnement donné avec un niveau de prescription donné, le management cherche à atteindre les objectifs de l'organisation en demandant davantage d'autonomie aux salariés. Les données recueillies montrent que l'autonomie accordée aux salariés ne donne lieu à des marges de manoeuvre réelles et à des prises d'initiatives que si des facteurs de conversion permettent aux salariés de s'en saisir pour viser des réalisations ayant de la valeur pour eux-mêmes et pour l'organisation. Au-delà de ce constat, l'article contribue à une meilleure compréhension de l'autonomie au travail en montrant qu'il s'agit non d'une propriété décrétée par l'organisation ni d'une simple mise en oeuvre par les salariés, mais d'un processus qui n'exclut pas les tensions (entre émancipation et contrôle ou entre les différentes visions du « travail bien fait ») et qui s'appuie sur différentes boucles d'apprentissage, permettant tout à la fois la mise en oeuvre, l'entretien et le développement de l'autonomie.