La centralité de l’image est une caractéristique fondamentale de notre époque qui touche l’opinion publique principalement par l’émotion. Sa façon de « mordre le réel » exprime surtout une urgente nécessité à acquérir, dès les premières années de primaire, un apprentissage du regard. Notamment parce que l’image est autant un moyen de connaissances qu’un vecteur de saturation de visibilité accentuée par les réseaux sociaux numériques (RSN), véritable champ d’expérimentation qui ne fait que refléter de façon anamorphique et avec un haut degré d’intensité ce qui se produit déjà dans la société . Suivant l’hypothèse de la sociologue de l’art, Nathalie Heinich, la visibilité se définit comme « un phénomène qui crève les yeux à force d’être en permanence sous notre regard, et nous le rend donc sinon totalement invisible, du moins largement impensable… » (2012). Cette recherche de visibilité peut donc être assimilée à une « rage de paraître » (Ehrenberg, 1986) et à un attribut « quasi naturel du pouvoir et de la notoriété » (Bromberger, 1990).